Adopter l’éthique de l’amour transforme notre vie, en nous offrant un ensemble différent de valeurs à vivre
. Depuis quelques années, je suis retournée habiter dans le sud de la Suisse. Ce choix n’était pas dû à un manque d’appréciation pour la magie et le dynamisme culturel des villes qui m’avaient accueillie jusque-là, mais parce que je sentais que je cherchais quelque chose de différent, de plus proche de ma personnalité dans un contexte de conflits et de contradictions comme celui que nous connaissons aujourd’hui. Je cherchais à me rapprocher de mes besoins émotionnels primaires. J’ai pensé que la périphérie tessinoise pourrait être le lieu où poursuivre cette recherche et trouver de l’espace pour des besoins émotionnels tels que la sécurité, la stabilité, le soin et l’acceptation, l’autonomie, l’expression des émotions, des limites réalistes, la spontanéité et le jeu. En même temps, en rentrant chez moi, j’avais peur de rencontrer divers problèmes insurmontables tels que l’ennui incessant de la périphérie, la laideur incontestable de la spéculation immobilière, et le va-et-vient classique entre les deux bars fréquentés depuis toujours. Étonnamment, ce que j’ai pu retrouver et redécouvrir - mais aussi construire au fil des ans avec l’aide de mes ami-e-x-s, de ma famille et des ami-e-x-s non humain-e-x-s est un microcosme communautaire
composé de personnes qui ont choisi et choisissent de vivre selon une éthique de l’amour. Une approche joyeuse de la vie qui privilégie le lien émotionnel sur le matériel. Cette approche est d’une importance vitale dans un contexte comme celui du canton du Tessin, où la scène liée à l’art contemporain est très petite et fragmentée. Je me sens très chanceuse et privilégiée. Aujourd’hui, j’ai le sentiment d’être entourée par un réseau de personnes qui se consacrent à leur amour, à l’amour des autres à travers de petits gestes liés aux moments les plus simples du quotidien : apprendre ensemble à reconnaître les champignons comestibles, la cueillette collective de champignons et de fruits, les ateliers de discussion, les déménagements, les promenades en compagnie d’ami-e-x-s non humain-e-x-s, prendre soin des membres de la famille, participer activement à la vie de ceux qui vous entourent, et plus encore. Ce sont des gestes, des moments et des activités qui peuvent également être réalisés dans une ville – peut-être au sein du même immeuble ou d’un quartier – mais qui, dans un contexte de vie plus périphérique, ont pris pour moi des significations différentes, rebattant les cartes. Cette expérience, combinée à une approche et une éthique de la vie avec amour, m’a permis d’apprendre à apprécier, à améliorer et à aimer différemment, d’une nouvelle manière.