systm soupir, Maison populaire, Montreuil 2021

À l’invitation de Thomas Conchou, Lou Masduraud (née en 1990 à Montpellier) présente sa première exposition monographique en France. Travailleuse et artiste contextuelle, elle propose de nouvelles oeuvres conçues pour le centre d’art de la Maison populaire qui poursuivent ses recherches sur les pratiques
collectives d’émancipation et les espaces négatifs qui forment, en réseau, le creux de nos habitats.

Pour systm soupir, elle déploie un corpus de sculptures en céramique et en laiton qui figurent les seuils d’espaces interstitiels (soupiraux, tuyauteries, égouts, ruelles). Ces lucarnes grillagées ouvrent des dimensions outrées qui flirtent entre fiction franche et renversement de la réalité. En s’attachant à détourner les machineries sociales qui nous font vivre et mourir, les installations de Lou Masduraud travaillent à la construction d’imaginaires en lisière de la réalité normative, dans une perspective féministe et critique.

Au centre de l’exposition, une sculpture collaborative réalisée avec les équipes et adhérent·es de la Maison populaire représente les lieux institutionnels incontournables de Montreuil : la mairie, l’école, l’hôpital, le commissariat, le tribunal, la bibliothèque, le conservatoire. Produite dans le cadre d’une résidence de création de Lou Masduraud à la Maison pop depuis janvier 2021, elle propose un investissement subjectif des espaces d’organisation collective, et leur réappropriation.

Texte de Thomas Conchou, curateur de l’exposition monographique systm soupir à la Maison Populaire, Montreuil, 2021

Lou Masduraud était en résidence de création artistique d’une durée de 1 an à la Maison populaire, en 2021.

« Dans sa pratique personnelle, Lou Masduraud mobilise également une pragmatique de la dissidence. À travers des matériaux d’usage – céramique, textile, laiton – ou DIY – une pâte de silicone et de fécule de maïs, dont la recette a été trouvée sur Internet – l’artiste devise des Plans d’évasion tout autant qu’elle installe des Cabinets de contorsion. La première des deux séries perce les murs de soupiraux dont le grillage serpentin invite le regard à faire de la surveillance un jeu de voyeurisme réversible, ouvrant sur des métavers ésotéri- ques et chatoyants venant nimber de lumière rose, bleue ou jaune la possibilité de la fuite. La seconde série, elle, réimagine l’architecture domestique – un auvent bourgeois, un cabinet cosmétique – en autant de corps intergenres armaturés d’ossements et lardés de plumes, fleurs, parures et capes, semblant en attente d’activation au sein de jeux escapistes. La pièce entière de l’exposition s’unifie par une ultime intervention ».

Extrait du texte d’Ingrid Luquet-Gad pour Les Inrockuptibles, 2021, à lire ici en intégralité.