« Dans sa pratique artistique, Lou Masduraud développe un réseau de corps hybrides adaptatifs, de systèmes tubulaires, de soupiraux oniriques, de lampadaires contextuels, de fontaines pour un corps social productif ou encore de bouches en marbre qui suggèrent une érotique du partage du sensible. En opérant par glissements fantasmagoriques, l’artiste refuse la clarté d’un système normatif pour préférer une expérience esthétique qui se forme dans un rapport aux corps, aux mondes et aux autres subjectivités.
Les Cabinets de contorsion sont des systèmes tubulaires aux courbes élégantes, des entrelacements squelettiques pour des corps hybrides et étranges. Lors de leur première configuration à la Villa Vassilieff en 2020, de longs tuyaux suivaient les murs de l’institution avant de s’échapper par le bureau, une symbolique de plomberie qui insistait sur une dynamique insidieuse et cachée. Le geste de l’artiste était un commentaire à déchiffrer, un fil d’ariane d’une critique institutionnelle. Leurs itérations présentent par la suite, comme pour Art au Centre, une anatomie plus spécifique. Par exemple, une variation présentée à Circuit, à Lausanne, rappelait l’ossature d’un bras dont la main tenait délicatement deux plumes d’autruche de couleur noires, leur conférant l’étrangeté et l’élégance d’un squelette victorien. L’artiste y intègre des plumes, fleurs, coquillages ou encore nid d’oiseaux, s’incrustant avec délicatesse, comme si l’ossature accueillait avec bienveillance ces éléments exogènes. Une ambivalence entre résilience adaptative et hybridation libre et jouissive ».
Extrait du texte d’exposition, par Paolo Baggi, Art au centre, Genève, Suisse, 2023. À lire ici dans son intégralité.