Prendre de l’eau dans ses mains pour la faire voir, quoi de plus simple ? Mais essayer de donner à voir de la lumière sur sa main ou sur une feuille de papier, c’est peine perdue. La lumière ne se laisse pas voir en tant que telle. Elle nous apparaît par contraste ou en éclairant un support. Même la lumière de la lune permet de voir dans la nuit des paysages, des objets ou l’humidité de l’air, mais elle ne se laisse pas voir elle-même.
Lumière et mouvement sont les deux éléments de base de mon travail. Faire apparaître une image ne m’intéresse pas, traduire la lumière par la peinture non plus, c’est la lumière elle-même que je veux rendre visible sous ses différents aspects.
Comme dans la danse, où le mouvement émerge du centre du corps avant de devenir visible, j’ai cherché à montrer dans la matière le mouvement dès son origine. Hors de question pour moi d’ajouter ou d’enlever quelque chose pour simuler, je voulais créer un véritable mouvement de la matière. En incisant le centre d’une grande plaque de MDF j’opérais de très légères déviations (2-4 mm) et imprimais ainsi un mouvement réel. Ces élévations provoquaient en surface des ombres blanches du côté de la source lumineuse et grises de l’autre côté (Emergences dès 1988).
Puis j’ai voulu glisser mon regard à l’intérieur de la matière pour y découvrir l’origine de ces ombres. À la recherche d’un support translucide le moins parlant possible, sans couleur, j’ai choisi le pléxiglas et je l’ai voulu mat pour éviter tout clinquant. Grâce à de simples incisions linéaires, je peux faire apparaître au cœur de ce matériau des ombres blanches et grises, qui se manifestent en se diffusant jusqu’à la surface et qui changent sans cesse selon l’incidence et l’intensité de la lumière (Light Drawings dès 1993). Ces dessins de lumière évoluent constamment jusqu’à disparaître, puis réapparaître un moment plus tard, selon les changements de luminosité dans l’espace et sur la pièce. Le dessin n’est jamais terminé.