Alan Bogana étudie les arts visuels à la HEAD à Genève (2004-2009), puis se spécialise en méthodologies de recherche en art et en infographie à la Haute école d’art de Zurich (2012-2013).
Sa pratique est marquée par l’interrogation des caractéristiques de la lumière et de sa perception, explorée notamment dans le cadre de collaborations avec des institutions scientifiques. Il a été artiste en résidence à l’Institut suisse de Rome (2013-2014), à la Cité internationale des arts de Paris (2014-2015), au Sommerakademie Zentrum Paul Klee de Berne (2014), au bureau Pro Helvetia Le Cap (2011), à Zoug avec la fondation Landis & Gyr (2015), au programme Arts at CERN à Genève (2019) et a obtenu le Pax Art Award (2019). Citons parmi ses expositions monographiques celles de l’Usine Kugler (Genève, 2012), du Kunsthaus Langenthal (2013), de l’espace d’art Hard Hat (Zurich, 2017) et du Musée de minéralogie de Paris (2018). Alan Bogana vit et travaille à Genève.
Le travail d’Alan Bogana se caractérise par une réflexion sur le comportement réel ou imaginaire de la lumière, explorée surtout à travers le prisme de l’astronomie et de la minéralogie. L’artiste réalise principalement des installations qui intègrent des éléments sculpturaux et des composantes technologiques : dans de nombreux projets, une matrice (plexiglas, impression 3D, image de synthèse, hologramme) est soumise à différentes formes d’agents physiques ou virtuels (laser, flux électrique, LED, lumière naturelle, modélisation), afin d’interroger notre relation à la science et aux technologies en confrontant simulation de phénomènes physiques liés à la lumière, formes spéculatives et analyses scientifiques.
L’installation Boganium, Handwavium et les autres (2018) examine la transparence de minéraux à travers la numérisation et l’impression 3D de spécimens issus de la collection du Musée de minéralogie de Paris, ce qui introduit un élément technologique et problématise la tension entre la nature, son observation et sa représentation numérique. La dimension spéculative joue également un rôle central dans le travail de l’artiste, à travers notamment la modélisation de phénomènes invisibles, théoriques ou fictifs. Thiotimoline (2015) rend visible, à l’aide d’un hologramme, la molécule homonyme inventée par l’écrivain de science-fiction Isaac Asimov dans le cadre de ses faux essais scientifiques; Case 03D-P1 – Diamond Mountain Drift (2013) s’inspire de la découverte de la planète extrasolaire 55 Cancri Ae, dont un tiers de la masse serait constitué de diamant, mais dont la distance induit une appréhension entre mesures scientifiques et spéculations. L’espace d’exposition comme lieu de perception ainsi que le sujet percevant constituent un pan important du travail de l’artiste. The Sensible Spectrum (2017)aborde, à l’aide d’un casque de réalité virtuelle sur lequel est fixé un projecteur, la tension entre l’immersion d’un spectateur isolé et le public qui observe ses mouvements, les images projetées dans la salle d’exposition incarnant la subjectivité du regard, la performativité de l’acte perceptif et la transgression entre espaces privé et public.
En confrontant imaginaires scientifiques (fictionnels, réels, spéculatifs), implications des technologies numériques et expériences spectatorielles, le travail d’Alan Bogana questionne notre perception du monde à travers sa médiation, ancrant sa réflexion sur la différenciation toujours plus complexe entre réalité physique et espaces virtuels.
Œuvres: Bâle, Haus der elektronischen Künste; Genève, Fonds cantonal d’art contemporain et Fonds d’art contemporain de la Ville; Lugano, Museo d’arte della Svizzera italiana.