Just an Everyday Object

Expositions

Lieu

Krone Couronne, Bienne

Organisateur

DDA-Genève

DDA-Genève poursuit son travail de mise en réseau à travers la collaboration avec KRONE COURONNE
à Bienne et les artistes Mabe Bethônico, Thomas Liu Le Lann, Lou Masduraud et Paul Paillet, basé-e-x-s à Genève. L’exposition Just an Everyday Object se veut à la fois une réflexion approfondie sur la notion d’édition, de multiple et sur l’idée de reproductibilité, tout en l’élargissant à des questions sur le statut de l’objet, et plus particulièrement de l’objet d’art. Elle explore ainsi les systèmes de production, les usages variés, la circulation et les statuts des objets adoptés selon les contextes. Sous le titre Just an Everyday Object, l’exposition met en exergue la relation entre l’objet d’art, l’espace domestique et le quotidien, notamment par la proximité avec l’ornementation, l’outil ou l’artisanat. Elle interroge aussi la façon dont des objets apparemment ordinaires — bijoux portés au quotidien, objets utilitaires, pièces de mobilier, accessoires— deviennent à la fois extensions de soi et instruments de représentation. Pour l’exposition, les quatre artistes s’emparent de ces notions en proposant de nouveaux multiples édités par DDA-Genève, qui ouvrent autant de nouvelles perspectives.

Le travail de Paul Paillet révèle des allusions subtiles à la vie privée, qui fournit une partie du matériau symbolique de ses pièces. L’intime est suggéré tantôt à travers l’évocation de rituels quotidiens tantôt à travers la représentation d’objets courants servant de cadres à la mémoire. Pour Just an Everyday Object, l’artiste réalise une édition de sérigraphies : Nelson (Green) et Enora (Pink) représentent des vues en plan de canapés contemporains en aplat. Les modèles (et noms !) empruntés à des catalogues de magasins d’ameublement de grande surface contrastent avec la délicatesse de l’exécution expérimentale et artisanale des impressions sur papier, réalisées à partir d’une encre à base de pigments d’aluminium.

Un large rouleau d’étoffe se déroule au centre de l’espace. Interior 1 de la série Soil Stories de Mabe Bethô- nico est exposé à la manière des textiles vendus en mercerie. Les motifs imprimés empruntent la logique répétitive propre à l’industrie textile, mais leur origine est ancrée dans un projet de recherche mené par l’ar- tiste sur la couche du sol — également appelée horizon O —, qui assure la décomposition, la transformation et les échanges de matières organiques, ainsi que le lien entre les écosystèmes. Située au-dessus des couches minérales exploitées par les entreprises minières, cette strate vivante est détruite lors des opérations de « déca- page ». Le motif imprimé représente une racine morte, elle-même tirée d’une linogravure, dont la répétition forme une sorte de grille abstraite rhizomique. Pendant la durée de l’exposition, le tissu est découpé et vendu au mètre, comme un article de mercerie. Par l’acte de découpe et l’intervention du public, l’œuvre de Mabe Bethônico devient une édition, prête à rejoindre un intérieur.

Avec Count on me, Lou Masduraud propose une série de broches en argent qui représentent les chiffres 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 et 9. La série subvertit l’idée du multiple et sa reproductibilité à travers un jeu autour de la numéro- tation : la numérotation constituant l’œuvre elle-même. Il s’agit également d’une réflexion sur l’œuvre et l’ornement, l’original et l’unique en lien avec la joaillerie et la dimension de préciosité et d’unicité qui l’accompagne.

Pour son multiple the first cut is the deepest, Thomas Liu Le Lann s’inspire des cutters édités par Supreme, marque de vêtements new-yorkaise fondée en 1994 pour une clientèle principalement constituée de jeunes skateurs et artistes. Le titre du multiple fait référence à la chanson éponyme de Cat Stevens, écrite en 1967. L’outil de coupe manuelle, tenant dans le creux de la main, porte l’inscription TRUST ME sur sa lame rétrac- table, impliquant un rapport personnel et duel avec cet objet utilitaire a priori banal.

A cutter.
To open a box,
To slice a grip,
To sever anything lifeless, Or perhaps, to end it all. Your Only Limit is Oblivion.

Vue de l’exposition Just an Everyday Object, Krone Couronne Bienne, 29 mai-14 juin 2025

Avec Mabe Bethônico, Thomas Liu Le Lann, Lou Masduraud, Paul Paillet

Commissariat et éditions Documents d’artistes Genève

 Photo © Michal Florence Schorro