ż۱שΞא soulève mes jambes et vient placer les siennes en dessous des miennes, il fait rentrer trois doigts dans ma bouche et commence à me branler tout en me pénétrant, il s’arrête et descend sa tête pour me sucer, puis reprend tout en ingérant ma queue avec l’intérieur brûlant de sa bouche, ces va et vient enflamment mon aura et je jouis brutalement, il enfonce avec intensité une dernière fois sa verge et je le sens jouir en moi. Nous nous enlaçons puis il caresse mon ventre, je sens que l’enfant doit sortir de mon corps dans peu de temps, je sens ses membres remuer en moi, bientôt il faudra le faire naître, je m’endors, je m’endors dans ces bras de justice et cette nuit, j’entends l’eau disparue taper contre les rives du lac.
Je me réveille et je vais aux toilettes pour uriner, je m’assois sur les WC car ma tête tourne et je me regarde dans le miroir en face, mes pupilles sont dilatées, je me relève et je réveille ż۱שΞא. Je commence à sentir la chaleur monter en moi, je lui dis que le moment arrive, il me fait m’allonger sur le lit et on attend. Je me demande comment sera la suite. On peut vivre ici, continuer cette vie d’errance mais ils finiront bien par nous retrouver. Retourner à Paris paraît trop dangereux et je serai trop faible pour fuir cette semaine. Il faut vraiment que nous lui trouvions un nom. Non, il ne doit pas avoir de nom. Et si je ne survis pas, je suis encore assez faible, je survivrai, je sais que je survivrai.
Mes paupières s’abaissent et dans l’obscurité je vois deux anges debout en face de moi, ils me regardent avec un sourire serein, le sourire que les anges portent pour nous empêcher de penser. Je me sens m’enfoncer dans le matelas.
— Tu es prêt ? il me demande
— …. fais vite, j’ai mal
— On fait quoi après ?
— Je sais pas, je pensais qu’on pourrait rester ici — Et lui ?
— Sors-le on verra après
ż۱שΞא prend une longue respiration et sors la trousse de son sac, il l’ouvre et s’empare d’un bistouri et d’une seringue de kétamine, il me plante la seringue dans le fessier gauche et injecte son contenu. On attend un peu, je sens mes organes se soulever, je continue à m’affaisser, mon corps est accablant. Quand je ne ressens plus les douleurs dues aux gestes brutaux de l’enfant je dis à ż۱שΞא :
—Vas-y
Il commence à ouvrir lentement mon ventre de gauche à droite, il pousse sur ma chair pour faire apparaître la poche, l’enfant s’agite violemment. Il me dit qu’il voit la poche, je sens qu’il me regarde, peut-être que pour la première fois de sa vie il a peur. Il prend ma main gauche et avec l’autre il plante la lame dans la poche et l’ouvre d’un coup sec, il jette l’outil, attrape l’enfant et le fait sortir de moi puis il me couvre, je réouvre les yeux pour voir ż۱שΞא, il me dit qu’il a ses yeux, deux fentes noires, péril jaune, je m’endors.
HÉROS BAFOUÉS
HÉTÉROS BATTUS
ENFANTS CÉLESTES
ENVOYEZ NOUS DES ANGES POUR NOUS GARDER DU MAL
– Thomas Liu Le Lann, Péril Jaune, 2018 (extrait)