Xeno-geo-bio-medialogics, Le Commun 2017

Raphaëlle Mueller et Vanessa Lorenzo, Xeno-geo-bio-medialogics, 2017, média mixtes, chromatographies, cultures locales de microbes sur boîtes pétri, détection de mecure sur échantillons d’eau.

L’installation ainsi qu’une table ronde et une performance sonore (Living Instruments), étaient présentées dans le cadre de l’exposition La Sémiosphère du Commun - Biotope I, Utopiana, Le Commun, Genève, Suisse, entre février et mars 2017. Xgbml (Xeno-geo-bio-medialogics) est projet de recherche artistique, dont les expérimentations ont été menées à Hackuarium, biohackerspace, Renens, Suisse.

Dans le cadre de l’exposition Sémiosphère du commun - Biotope I proposée par Utopiana Genève au BAC, notre intervention consiste en une approche médiatique de zones polluées s’articulant autour d’un axe central à nos deux cas d’études : l’aliénation d’écosystèmes par des métaux lourds dû au raffinage de l’aluminium, véritable catalyseur de réactions chimiques écocidaires, soit la face cachée du développement économique et militaire. Le premier cas consiste en la contamination invisible des terres et de l’eau du Rhône par le mercure datant de l’exploitation aluminière au Valais. Le second cas est un lac de résidu de bauxite spectaculaire (mais néanmoins secret) situé en Roumanie.
Notre mini laboratoire-dispositif-installation présenté in situ est une mise en forme de l’état actuel de notre recherche transdisciplinaire vers la découverte et la compréhension de la matérialité de l’Anthropocène et de son nouveau régime esthétique, nos explorations/excavations ayant pour but l’appréhension et la compréhension de la matérialité toxique de cette ère géologique particulière et la tentative d’y tisser de nouveaux liens inter- espèces et inter-médias. Ainsi, si l’on considère l’exploitation industrielle comme une violence faite à la Terre, il s’agit de mettre en tension la notion de préjudice et les mécanismes de rétroaction qui y sont à l’oeuvre. Dans le jargon des sciences forensiques, les datas font état de preuves. Néanmoins, les données sont fournies par les artefacts de la technosphère qui nous gouvernent sur un plan sémiotique et qui posent la question de leur lecture et de leur interprétation. En assemblant des données cybernétiques avec des processus scientifiques, nous extrayons, traitons et interprétons l’information de ces écosystème résistants, des agents humains et non- humains qui l’habitent.
Suivant des protocoles tels que l’échantillonnage de l’eau et du sol, la mise en culture de bactéries, la chromatographie, nous permettons à la matière biologique et géologique d’interagir, d’interférer et de remettre en question les fondements de notre notion de matérialité en considérant les médias au-delà du jeu des interprétations sémiotiques et des modes de représentation.

Raphaëlle Mueller et Vanessa Lorenzo