Installée sur la véranda, la fontaine fait jaillir de l’eau de sa bouche de marbre. Lou Masduraud a appliqué, je le vois, de minuscules perles d’agate, d’améthyste, de cristal, de verre et d’autres matériaux sur le tuf, ainsi que des os. Elle m’écrit sur WhatsApp que sa création est “une sorte de biotope”, une “nymphe vivante”. L’œuvre s’inspire également de ses recherches sur les fontaines dans les espaces publics, à Rome et ailleurs. Quel est le rôle fonctionnel, social et représentatif des fontaines ? Quel est le pouvoir symbolique de l’eau bouillonnante dans l’espace urbain ?
Faut-il faire quelque chose contre les dépôts de calcaire qui se sont accumulés sur les surfaces des fontaines, ainsi que contre les mousses et les plantes qui y poussent ? En 1982, Meret Oppenheim a été chargée par la ville de Berne de concevoir une fontaine pour une place centrale. Le projet rappelle une tour surréaliste peinte par Giorgio De Chirico. L’eau qui s’écoule de la fontaine favorise la croissance des plantes sur les surfaces en béton. Pour Meret Oppenheim, la capacité de la nature à transformer les choses et à leur donner forme est un élément essentiel du projet. Mais pour l’étroitesse d’esprit de l’establishment bernois des années 1980, c’était scandaleux. Le Spit kiss de Lou Masduraud me rappelle la présence de différents écosystèmes en tant que communautés d’organismes divers, ainsi que le pouvoir de la Terre et la manière dont nous la traitons.
Texte d’exposition de Gioia Dal Molin, curatrice de l’exposition L’arcobaleno riposa sulla strada, Istituto Svizzero, Rome, Italie, 2022.
Traduction par Documents d’artistes Genève.