Rarement salle d’attente fût aussi décorée et fleurie, débordante de couleurs, foisonnante de motifs. Hormis quelques cartomanciennes, magiciennes ou alchimiste qui ferait attendre en un tel décor ! Il y a les peintures, une série de 45 natures mortes au vase de fleurs qui occupent tout le grand mur de Halle Nord. Ni nature ni morte ne semble appropriés pour dire un peu de ces compositions si vivantes même figées à la fois fraiches et savantes ou s’entremêlent réalité et fiction, détails précis et réalistes, motifs allusifs et abstrait. Formes et fonds, affleurent à la surface en un seul plan alors même que les contours sont nets laissant voir chacun des objets. Aplats unis, rayures, tissus africains, citrons, escargots, vierge, c’est tout un monde … C’est aussi plein qu’un intérieur de Vuillard, aussi découpé que les feuillages de Matisse. C’est aussi incongru que des collages surréalistes, poétique comme un inventaire à la Prévert.
C’est exotique et familier, c’est syncrétique, simple et somptueux. C’est de la peinture. C’est à voir, difficile à décrire. Il y a les sculptures, les installations qui en trois îlots occupent et habitent Halle Nord. S’y retrouvent des vases sculptures, assemblages d’éléments divers unifiés par de la cire avec des plantes dedans, des socles, des tapis qui créent et circonscrivent l’espace. Chacune d’elle fait tableau. Aussi généreuses que les peintures qu’elles prolongent en volume ces installations accueillent les oeuvres de Paolo Bosson, Nina Haab, Alexandra Haeberli, Paul Hutzli, Sonia Kacem ou Loïc van Herreweghe. Laura Thiong-Toye qui travailla durant 7 ans à quatre mains avec Isabelle Racine à le gout du partage et de la collaboration. Elle sait si bien associer que cette salle d’attente est celle d’une marieuse, qui unit le semblable comme le disparate en des instantanés sonores et harmonieux immobilisés par un soleil de sieste.
Claude-Hubert Tatot, Heureux mariages dans la salle d’attente, texte pour geneveactive.ch, 2020