Depuis 2004, Jérôme Leuba (né en 1970), artiste suisse vivant à Genève, réalise une série de travaux nommée battlefield, qu’il décline sur différents supports. Chaque œuvre a ce titre, puis est numérotée. Souvent désignée comme étant des sculptures vivantes, les œuvres de Jérôme Leuba mettent en scène des hommes et des femmes dans des espaces publics distincts. De part les attitudes des performeurs, leurs actions, comportements ou attributs, souvent à la limite du remarquable, l’artiste réussit à créer un espace de désorientation sociale, d’incertitude et de questionnement. L’aspect toujours réel et possible des situations développées est une facette majeure des sculptures vivantes de Jérôme Leuba. Grâce à un jeu sur le visible et l’invisible et grâce à un subtile maniement des perceptions, l’artiste va à la rencontre du public et intrigue ses sens sociaux, moraux et éthiques. Si sa pratique se veut critique de la société actuelle, il joue délibérément sur la frontière entre le domaine personnel et collectif en activant ainsi des réactions propres à l’être humain, soumises aux conditionnements communs. Pour « Le Mouvement », Leuba présente une nouvelle production intitulée battlefield #95 / gaze (2014). Cette performance présente trois hommes et trois femmes sur un même trottoir de la ville de Biel / Bienne. Dos au mur, ces personnes observent les passants de manière appuyée, sans dire un mot. L’insistence de leur regard renverse l’objet de la performance, qui passe des performeurs aux passants. Jérôme Leuba crée avec cette œuvre, un nouveau véritable champ de tension, comme l’indique le titre de la série où confusion, perception et visibilité sont partie intégrante de l’oeuvre. Qui est l’acteur de la performance? Qui sont ces individus? Que regardent-ils, et pourquoi? Un champ de bataille d’interprétation.
Jérôme Leuba
Chris Sharp
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