Elle saute sur votre écran et vous invite à entrer dans le sien, un corps bleu qui rebondit plein de rires et d’énigmes. Elle s’approprie les histoires et les plateformes narratives des autres, tout en renvoyant aux yeux de ceux qui la regardent les préjugés qui pèsent sur un corps fait objet.
Il y a bien sûr quelque chose qui tient de la comédie dans la manière dont Giulia Essyad, dans sa série “Blue Period”, se fraye un chemin dans la façon dont nous nous représentons - et dont nous regardons les autres - par le biais de plateformes numériques qui se sont depuis longtemps approprié ce que nous considérions encore il y a peu comme notre “réalité” unique et indivisible.
Mais il y a aussi quelque chose de plus sombre à l’œuvre, dans la façon dont Giulia Essyad (ou son avatar Schtroumpf, ou son avatar Violette Beauregard, ou son… avatar Avatar) inscrit sa propre trace à travers dans un paysage bleu, habitant une couleur qui signifie également l’anonymat, la marchandisation, la mort de l’écran ou la fin des images (comme dans le film Blue de Derek Jarman).
C’est cette histoire plus complexe du corps et du soi qui est révélée dans les portraits plus nus de Giulia. C’est aussi sur ce terrain que commencent la transformation et la revendication - là où les rondeurs deviennent tranchantes et où les corps se réapproprient leur histoire.