Andreas Kressig
Repères

Andreas Kressig, Kolibri, 2022
Environnement à partir d’œuvres et matériaux divers, dimensions variables
Mapping Festival, Mondes Parallèles, Le Commun, Genève, Suisse

Né⋅e en 1971

Vit et travaille à Genève

L’œuvre d’Andreas Kressig est de celles qui s’habitent, se donnent à vivre autant qu’à voir. Depuis les années 1990, c’est une invitation à exposer qui enclenche la construction d’une nouvelle pièce. À partir d’assemblages de matériel de récupération et d’objets aux provenances plurielles, il crée des espaces dans lesquels on est conviés à entrer, tels que les véhicules, terriens ou volants, réalisés ces dernières années (KAROS, 2020 ; LOCO, 2021). Leurs structures sont activées par l’expérience physique du public, qui éprouve des moments de partage, de fête ou d’amitié. Perchée en haut d’un parc, ENVELOP (2022) se présentait comme un curieux vaisseau spatial. En son cœur, l’artiste proposait des dégustations diurnes de thé, et nocturnes de saké et poisson grillé. Cet art de la convivialité est non sans lien avec son amour pour le Japon, où il a suivi des études doctorales en Media Art (2003-2006) et séjourne régulièrement depuis.

De telles installations in situ et éphémères dévoilent l’importance de l’improvisation dans la pratique d’Andreas Kressig, de même que sa constante recherche d’expérimentation, notamment dans sa curiosité pour les jeux d’échelle, la classification, l’aléatoire et la programmation. Pour KOLIBRI (2022), il a conçu un laboratoire peuplé de dispositifs d’écoute et d’observation. Un immense bras robotisé, en mouvement, y fixait de manière intense les visiteur-teuse-x-s ; une anthropomorphisation qui n’est pas sans rappeler la série photographique GUM (2019), à la fois comique et abstraite, où dialoguent des figures en chewing-gum. Comme souvent dans son œuvre, la high-tech – ici déjà datée et presque rétrofuturiste –, côtoie la low-tech et le bricolage, les objets et technologies étant détournés de leurs usages premiers.

Les travaux d’Andreas Kressig se parcourent tels les éléments d’un jeu de piste, la réutilisation des matériaux qu’il découpe, désassemble, puis réunit et reconstruit, servant de fil rouge entre les pièces. En 2019, YOT se composait par exemple d’un bateau recouvert d’une texture chatoyante de sequins, passé à la verticalité dans SEED (2019) – une navette parée pour le décollage –, avant d’être coupé en deux pour QUARTIERS (2020). Ces dualités et inversions se nourrissent également de jeux de lumière, des bougies aux surfaces réfléchissantes des paillettes et panneaux solaires. Et puis, en toile de fond, on trouve une constante conscience écologique. Celle-ci anime d’ailleurs l’atelier de l’artiste, une grotte bien remplie qui couve en son sein des éléments industriels et architecturaux : une collecte de pièces de charpente, structures métalliques et circuits électroniques comme autant d’œuvres en devenir.

Texte par Nolwenn Mégard