Puisque le goût ne peut être réduit à un seul principe, la dégustation de whisky est un processus empirique qui utilise l’analogie. Ormis quelques saveurs spécifiques telles que céréales, levure, bois ou tourbe, les whiskies ne contiennent pas toutes les saveurs qu’ils racontent. On croirait pourtant que l’on goûte bel et bien aux vagues qui frappent les falaises, aux tourbillons d’une rivère noire de tourbe ou à la caresse du vent dans les épis dorés…
C’est la magie d’une identitée commerciale bien narrée associée à la qualité du produit. Toutes les distilleries savent manier leur histoire, influançant par la l’économie et le patrimoine des régions dans lesquelles elles s’inscrivent, nottament par le biais du tourisme industriel.
Nombreux sont les consommateurs qui viennent vérifier et vivre des images fantasmées qu’ils partageront à leur tour, attirant sans-cesse de nouveaux visiteurs-ambassadeurs.Ainsi les distilleries deviennent des musées, les marques proposent des tours et les insulaires accueillent les touristes en quête d’authenticité et d’expériences (been there, done that) dans une forme de spectacularisation du quotidien; une marketisation du folklore et des traditions qui contribuent à intensifier l’identitié d’une culture.
Un constat que je partage avec mon public lors de dégustations entre «savoirs» et «saveurs», mêlants avecdotes personnelles, historiques, géorgraphiques, économiques et sociales. Une narration continue qui, à son tour, suscite d’autres histoires.
Car maintenir la promesse d’une expérience est l’un des défis majeurs d’une économie dont les produits sont aujourd’hui distribués dans le monde entier; tandis que la forme de la collection agit comme un opérateur de valorisation d’une chose selon un mode narratif, en mettant à profit son passé.
Texte pour le Prix Suisse de la Performance 2018, Musée Tinguely, Bâle, Suisse
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