Un tapis de danse orange low-cost, une plaque de laiton réfléchissante, un chauffage et une chaise composent un paysage artificiel et déserté éclairé par deux soleils de studio. Ici le souci de faire «installation artistique» le dispute à celui plus fonctionnel de fabriquer un instrument de musique.
Chaque jour pendant l’exposition, une comédienne vient activer le dispositif. Elle utilise la vitrine comme espace de répétition, où elle apprend à danser les claquettes pour un rôle. Ce contrepoint joyeux et malhabile aux pas des travailleurs pressés et des consommateurs flâneurs offre un autre rythme à l’expérience urbaine.
Les passants deviennent les figurants de leur ballet quotidien. Leur intégration dans la chorégraphie complexifie le simple plaisir du regard induit par cette scène d’une jeune femme en vitrine devant un corps de chauffe rougeoyant. Chacun est instrumentalisé dans cette fabrique du spectacle. En fonction du point de vue, des alternatives se dessinent : Regarder ou écouter ? Marcher ou danser? Répéter ou performer ?
The show must go on.
Texte d’Anaïs Wenger