Comme beaucoup d’espaces et d’institutions artistiques, le bâtiment du Musée d’art contemporain de Genève occupe une friche industrielle déjà chargée d’histoires. Celle de la Société d’Instruments de Précision garde une place à part dans le paysage industriel genevois, comme l’explique Walter Fust, président du groupe Starrag, dans la préface de La SIP 150 ans de mécanique de précisions: 1862-2012:
« Elle fait coïncider le mythe identitaire du destin exceptionnel de Genève, longtemps tournée vers la défense du protestantisme, avec sa propre trajectoire, marquée par la recherche de précision, une activité hors norme et toujours sans équivalent dans le monde. Par l’envergure de ses fondateurs - les savants Auguste De la Rive et Marc Thury -, la SIP fait le lien entre la « science genevoise », incarnée par Horace-Bénédict de Saussure, et l’industrie moderne ».
Usant d’une stratégie de valorisation du patrimoine inspirée du discours entrepreneurial, j’ai choisi d’investir un espace « professionnel » de l’institution (son monte-charge, dédié au transport des oeuvres d’art quand elles n’en sont pas encore ou plu ou seulement à leur état virtuel) pour proposer une expérience d’ascension picturale adaptées des recherches de de Saussure sur les nuances du ciel.
En résulte un tableau de huit mètres de haut - dégradé de bleu - déployé entre les deux étages de l’exposition, qui ne se donne jamais à voir simultanément dans son intégralité.
Texte d’Anaïs Wenger