Souvent par effet de collage, Thomas Liu Le Lann superpose des sentiments. Comme les artistes historiques du Pop Art, il assemble des éléments standardisés et familiers pour fixer des impressions personnelles complexes gorgées d’une légère déception. Ainsi, dans son dernier film, d’apparents souvenirs de vacances on glisse vers la métaphore de ce qui pourrait être le destin de l’artiste aujourd’hui. Doit-on comprendre ce personnage d’escrimeur qui nage comme un des Puissants potentiels ? L’artiste y croit-il encore, en imaginant que même sous l’eau et sans adversaire le personnage armé reste potentiellement fort ? Ou cette image n’est que l’ultime reflet d’une esthétique surannée qui survit même noyée ? Thomas Liu Le Lann n’est pas là pour répondre et heureusement. Il fixe des images qui sont élégamment complexes laissant à notre charge la nostalgie et la mémoire.
– Samuel Gross, French Toast, 2023 (extrait)