But you boy in the baths 2022

Thomas Liu Le Lann

Sweet Teeth #3 (Milo’s Braces), 2022 
Bois, laque, miroirs et verre soufflé

52 × 58 × 15 cm

Chew, with Alfredo Aceto, VinVin, Vienne, Autriche 2022

Photo © Flavio Palasciano

Thomas Liu Le Lann

Sweet Teeth #2 (Milo’s Braces), 2021 
Bois, laque, miroirs et verre soufflé

52 × 58 × 15 cm

17, Xippas, Paris, France, 2021

Photo © Julien Gremaud

Thomas Liu Le Lann

Sweet Teeth #2 (Milo’s Braces), 2021 
Bois, laque, miroirs et verre soufflé

52 × 58 × 15 cm

17, Xippas, Paris, France, 2021

Photo © Julien Gremaud

Thomas Liu Le Lann

Sweet Teeth #1 (Milo’s Braces), 2021 
Bois, laque, miroirs et verre soufflé

52 × 58 × 15 cm

Reproduction

Photo © Julien Gremaud

Thomas Liu Le Lann

Sweet Teeth #3 (Milo’s Braces), 2022
Bois, laque, miroirs et verre soufflé

52 × 58 × 15 cm

Chew, with Alfredo Aceto, VinVin, Vienne, Autriche, 2022

Photo © Flavio Palasciano

Thomas Liu Le Lann

Sweet Teeth #2 (Milo’s Braces), 2021 
Bois, laque, miroirs et verre soufflé

52 × 58 × 15 cm

Reproduction

Photo © Julien Gremaud

« but you boy in the baths –

you turned me inside out again 
and exposed myself – to myself – 
and I guess that’s good again » 
Keith Haring, Journals, 1996

Il y a eu deux mois de répit à la rentrée 2020. En tout cas c’est ce dont je me rappelle. L’été ne reste pas comme un répit dans ma mémoire : il faisait trop chaud, encore, comme au printemps, et il y avait trop de choses à régler des mois précédents. Et Chris Korda, comme un mantra, « Temperature is out of range / Our future is climate change / The weather’s getting stranger / Our cities are in danger ».

On s’est retrouvé.e.s à Vienne, comme avant. Pour moi, il y a en quelque sorte l’avant et l’après Octobre 2020 à Vienne – je pense que pour les autres dont je parle, Thomas, Lili, Arttu, Laurence, Philipp, Milo (que je n’ai pas rencontré), ça doit être plus ou moins pareil. On a rentabilisé et on s’est épuisés, puisque nous avions encore droit : aux bars, de sortir la nuit, au sexe, à tous nos privilèges partagés en Octobre 2020 à Vienne. Depuis, c’est plus compliqué, enfin, c’est très conditionné. Ça ne veut pas dire qu’on a plus nos privilèges, ça ne veut pas dire non plus qu’on a tout à fait perdu espoir. Mais on a parfois peur de le perdre, il faut s’économiser. « Je pense à ce que Jeanne Moreau dit à sa nièce dans un film américain où elle est vieille et extravagante. Elle lui dit Non, je ne pense pas que tu es stupide. Je pense que tu as perdu espoir. Il faudrait ne rien faire. Absolument rien. En attendant que l’espoir revienne. Comme si elle était sûre que ça revient toujours. Peut-être qu’elle a raison. J’ai essayé hier soir. Au lieu de faire du minitel ou d’aller boire un verre dans un bar comme d’habitude, j’ai attendu. Au bout de quelques minutes effectivement, l’espoir est revenu. Il est revenu par la jambe gauche, je l’ai senti. Un apaisement musculaire. Tous les pédés que je fréquente font de la muscu. Sinon ils font de la natation. Ils sont presque tous séropositifs. C’est fou ce qu’ils durent. Ils sortent toujours. Ils baisent toujours. Il y en a plein qui font des trucs, des méningites, des diarrhées, un zona, un kaposi, une pneumocystose. Et puis ça va. »

C’est vrai que les pédés me donnent espoir. Je leur dois beaucoup pour ça. C’est leur rapport à la vie, au sexe, à la famille. Je trouve ça dingue qu’ils tiennent, qu’ils tiennent à nouveau maintenant ; c’est incroyable. On est presque deux générations depuis le début de l’épidémie du sida, Thomas Liu Le Lann le sait mieux que personne, il m’en a parlé, il sait ce que c’est d’hériter du virus, Live Through that ?!. Il me dit que l’armoire à pharmacie dans l’exposition raconte plutôt une histoire de reflet dans le miroir que de traitement, mais moi je pense à la pharmacopornographie de cette pièce, et je vois plein de pilules à l’intérieur, aussi roses que la couleur qu’il a choisi pour la teinte des vitres.

Olga Rozenblum, Extrait d‘un texte d’exposition, 17, Xippas, Paris, France, 2021