46°52'35.9”N 6°52'38.2”E - Dread of void in the hydrosphere, CAN 2020

46°52’35.9”N 6°52’38.2”E - Dread of void in the hydrosphere de Raphaëlle Mueller est un projet de recherche artistique dont la première étape a été présentée au CAN, Centre d’art Neuchâtel, Suisse, dans l’exposition collective INDICE UV - Décalage vers le rouge, en 2021.

Dans l’imaginaire collectif, les lacs idylliques et les rivières de Suisse ont toujours semblé échapper à l’inquiétante situation de pollution des eaux. Depuis des décennies, de cartes postales en eaux cristallines, une politique (fédérale et patronale) du secret a tranquillement façonné le mirage d’une pureté intacte. Un regard plus attentif sur le lit de certains lacs pourrait cependant en révéler une image moins superficielle, en mettant au jour les molécules intruses englouties dans le temps profond de leurs sédiments. Au nom de la défense nationale (et autres mythes impérialistes), l’armée suisse utilise en effet un certain nombre de lacs du pays comme zones d’entraînement au tir réel d’artillerie sol-air. Chaque année, les Forces aériennes suisses mènent des exercices de tir aérien au stand de tir de Forel (FR), sur le lac de Neuchâtel. Cette partie du lac, qui alimente en eau potable une grande partie de la région et jouxte une réserve naturelle abritant un quart des espèces animales et un tiers des espèces végétales de Suisse, est une véritable décharge à munitions.

Dans le lac de Neuchâtel et le Léman, certains indices suggèrent qu’une partie des munitions immergées ne se décomposent pas sous les sédiments mais dans l’eau. Mais des voix, des témoins et des perpectives différents exigent d’apparaître et d’être entendus. Tel est précisément le but de ce projet artistique bricolé, proto- forensique, qui a pour ambition d’interroger le cas particulier du lac de Neuchâtel en évoluant à travers la complexité des nombreuses couches de sédimentations et de récits. Ces histoires écologiques et politiques doivent donc être construites de manière active au moyen de pratiques de connaissance situées à même de réunir plusieurs niveaux d’expertise et de points de vue tels que l’histoire, la chimie des eaux, la géologie, l’ingénierie, l’écologie et le folklore. Une perspective de l’hydroféminisme y est également amenée.

Raphaëlle Mueller