Laurent Faulon
Repères

L’homme couteau, 2009
Performance
© Laurent Faulon

Né en 1969

Vit et travaille à Genève

En une vingtaine d’années, le travail de Laurent Faulon s’est déplacé de la performance à la sculpture et l’installation. Concevant souvent des œuvres qui entrent en résonance avec les caractéristiques architecturales, politiques, économiques ou sociales des lieux qui les accueillent, l’artiste y développe un art d’intervention qu’il qualifie volontiers d’occupation, le plus souvent éphémère et fortement contextualisé. Ces projets investissent la plupart du temps des non-lieux, des espaces abandonnés ou en mutation (terrains vagues, chantiers, bureaux, usines, commerces ou logements désaffectés, etc.), rendus ainsi temporairement publics.

Les interventions et installations de Laurent Faulon revêtent autant une dimension visuelle que sonore et olfactive, voire même gustative. Pour sa performance Tentative Kebab, Faulon met en place un dispositif de cuisson lente à basse température : en utilisant les gaz d’échappement d’une voiture pour alimenter un four creusé dans le sol où cuisent durant 8 heures des gigots d’agneau, la viande étant ensuite servie en kebab au public.

Si son goût pour la provocation et pour la transgression suscite délibérément un sentiment de malaise, parfois même de répulsion, l’artiste s’attelle en réalité à mettre en scène l’isolement opéré par une société post-industrielle et l’assujettissement de l’individu à une économie consumériste régie par des rapports de domination. Les éléments matériels utilisés par l’artiste dans ses installations sont souvent des produits de consommation courants et banals, vendus en hypermarché, qui alimentent la vision satirique que Faulon donne de la société contemporaine et des fatras qui la constituent. Les mises en scène de dispositifs de rassemblements populaires, de festins et de banquets désertés ou à venir (Just Married, 2021 ; Fête Nat’, 2011 ; Salon de jardin MonierBau, 2011 ; Ensemble, 2009) perpétuent l’illusion de collectivité et une fausse promesse de faire communauté.

Bien que l’œuvre de Laurent Faulon puisse paraître par moment crue et implacable, elle comporte toujours une grande dose d’autodérision et d’ironie, un humour noir qui caresse le burlesque.

Texte de Zsuzsanna Szabo