Offscreen 2012-2013

Gabriela Löffel

Offscreen, 2012-2013

Installation, projection vidéo 3 canaux, 2 écrans avec cadre,

casques d’écoute sans fil, hautparleurs, 28 min

Videostill © Gabriela Löffel

Dans ses installations, Gabriela Löffel confronte les spectateurs à des problématiques telles que la représentation de la violence, la banalisation de la guerre, ou encore, la manipulation des discours à des fins économico-politiques. Löffel s’intéresse aux situations où la réalité côtoie la fiction et, en manipulant les codes et les techniques du cinéma, elle met en abîme les contradictions de notre société. Toujours critique, sans pour autant se limiter à une lecture politique univoque, son oeuvre fragmente les strates narratives et multiplie les références afin de créer des espaces de réflexion. En ce sens, les installations Offscreen (2013) et Setting (2011) exemplifient toute la complexité et l’engagement de sa démarche.

Le dispositif d’Offscreen se compose de trois projections et deux pistes audio: les haut-parleurs émettent une bande son abstraite qui dialogue avec les images, et un casque sans fil permet de se concentrer sur la voix du narrateur et de déambuler dans l’installation. Deux projections sur écran montrent successivement des décors d’intérieurs — comme le green screen ou la réplique d’un avion —, et d’extérieurs de cinéma — tels que la reconstruction de la Berlinerstrasse utilisée par Polanski dans Le Pianiste. Entre les deux écrans, une projection murale suit une équipe de cascadeurs qui répètent des séquences extrapolées du récit du narrateur. À nouveau, l’interprétation du narrateur ajoute un caractère fictionnel au témoignage et montre la puissance du storytelling.

De la conception, en passant par la production, jusqu’à la réalisation des ces installations, Löffel utilise la procédure du doublage et la méthode de la fragmentation: du témoignage au récit, du son créé au son évoqué, ou encore, de l’enregistrement en prise directe à la mise en abîme de décors de cinéma, Löffel fragmente et redouble les points de vue, ainsi que les sources visuelles et sonores, afin de brouiller les pistes et d’activer le questionnement chez les spectateurs. De la sorte, Löffel interroge à la fois une approche documentaire et fictionnelle, puisqu’elle part du témoignage direct pour engendrer ensuite un travail de montage et de scénarisation qui juxtapose les interprétations des narrateurs, mais également les images et les sons. À travers un va-et-vient constant entre l’expérience subjective et la compréhension universelle de la guerre, l’artiste nous montre comment le réel, la vérité et la fiction sont aujourd’hui des catégories difficilement discernables lorsque nous nous penchons sur la question des guerres actuelles et de leurs représentations. Entre la guerre — télévisée — du Vietnam et la guerre — sans images — du Golfe, l’artiste choisit de ne pas montrer les guerres du XXIème siècle, mais de les raconter de manière indirecte à travers les expériences du voyageur et de la figurante, grâce à la voix désincarnée — la voix-off — de narrateurs. Ce refus questionne profondément la valeur des images des médias de masse, mais, de la sorte, Löffel critique également les aspects idéologiques et économiques inhérents à leur production. »

Extrait du texte d’Andrea Cinel « Avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout », Collection Cahiers d’Artistes, Pro Helvetia, 2015

« Offscreen prend pour point de départ le récit d’un jeune homme qui, en 2011, a passé 4 semaines de vacances organisées en Afghanistan et en Iran, en présence constante d’un garde du corps. En effet, le secteur du tourisme propose désormais des vacances dans des zones de conflits telles que l‘Afghanistan, l‘Irak, la Corée du Nord ou la Somalie. Ces vacances se vendent à renfort de slogans comme « Soyez là où ça se passe » ou « Comprendre les conflits de l‘intérieur ». Les activités prévues incluent entre autre la « participation au travail de reconstruction » ou encore des « travaux d‘assistance » sur place.

Cette branche de tourisme relève la forme extrême et inquiétante dont nous appréhendons les réalités de la guerre et la manière dont celles-ci sont traitées comme un bien de consommation, notamment par le secteur touristique. »

Extrait du texte de Gabriela Löffel

Andrea Cinel, Gabriela Löffel, Collection Cahiers d’Artistes, Pro Helvetia, Fondation suisse pour la culture, Lucerne/Poschiavo: Edizioni Periferia, 2015

Consultez en complément, le contenu de la publication Cahier d’artistes, publiée par Pro Helvetia à propos du travail de Gabriela Löffel.

À consulter:

Gabriela Löffel

Offscreen, 2012-2013

Installation, projection vidéo 3 canaux, 2 écrans avec cadre,

casques d’écoute sans fil, hautparleurs, 28 min, extrait

Vidéo © Gabriela Löffel

Credits:
Chorégraphe de cascades: Alister Mazzotti
Cascadeur-euse-s: Tolga Degirmen, Sascha Girndt, Ralph Güthler, Anja Sauermann, Vanessa Wieduwilt
Voix narrative de la version française: Paulo Dos Santos
Voix narrative de la version anglaise: Julien Tsongas
Voix narrative de la version allemande: Benedikt Greiner

Lieu de tournage:
Studio Babelsberg, Studios de cinéma Potsdam, Allemagne