« En 1985, j’ai utilisé pour la première fois des tubes de plexiglas pour Solitude Transparente, une œuvre faite de vingt-quatre tiges hautes de 80 cm supportant une grille (60 × 100 cm) faite des mêmes tubes plexiglas. Le tout était recouvert d’un film plastique qui retenait, dans chacun des quinze lobes, un peu d’eau. Il s’agissait d’une architecture parfaitement minimale pour un travail essentiellement de lumière.
Cette œuvre et celles qui suivront étaient en effet proches du minimalisme, mais beaucoup plus vibrantes. À cette époque, les grands cubes d’aluminium que Judd installait en ligne au sol me fascinaient par leur simplicité, leur radicalité, leurs proportions, leur positionnement et le rythme qu’ils induisaient. Ce n’était pas seulement les blocs en tant que tels qui m’intéressaient, mais aussi ce qui se passait entre ces blocs et l’espace, la vibration que créaient la distance et la lumière entre eux. Si le langage strictement minimaliste était très important pour moi, mon attention se portait surtout sur la vibration de l’espace ainsi créée par lui. Et j’ai commencé alors à travailler dans le sens d’un minimalisme vibrant ».
Texte d’Anne Blanchet
À consulter:
- Caroline Nicod, « Rigueur et déviance - Entretien avec Anne Blanchet », cat. Anne Blanchet, échanges, 2003