- Back in my day we weren’t so easily offended by everything.
- Back in your day, you’d lose your mind if a black person used the same drinking fountain as you.
Schizophrenic Values parle de ce que l’artiste Yoan Mudry ressent comme des « points de crise » de nos sociétés contemporaines globalisées. Elle parle des espaces conflictuels issus de la rencontre de valeurs antagonistes. Des débats qui commencent le plus souvent dans ce nouvel espace public qu’est devenu internet mais qui gagnent parfois en importance jusqu’à infuser la vie citoyenne, familiale, les rues et la politique.
« Réchauffement climatique », mouvement « anti-vaccin », mouvement « me too » et « théories du genre », « flat earth » et « gun control », il est facile d’imaginer que le monde est devenu fou ou qu’il s’est subitement rempli d’abrutis d’une toute nouvelle espèce jamais encore rencontrée dans l’histoire de l’humanité. (Chacun pouvant alors attribuer ce nouvel état des choses à la manipulation des fake news, aux reptiliens ou à la crise de l’éducation nationale selon ses orientations respectives.)
Mais la conclusion serait trop hative. Elle ne prend pas en compte l’autre aspect de la chose que « Silent Organs » évoquait déjà à l’époque (Yoan Mudry 2017): la multiplication des canaux de communication et la démocratisation de l’accès à l’expression publique a annulé le monopole du discours dominant. Celui qui à l’époque était le seul a pouvoir faire entendre sa voix doit aujourd’hui partager l’espace de parole, justifier ses positions, reconnaitre l’existence d’autres points de vues. Reste que pour un grand nombre de raisons, ces débats ressemblent à ceux qui peuvent avoir lieu à 3h du mat entre deux bourrés qui ne parlent pas de la même chose. Nous en reparlerons ailleurs (linearitysmodulation.net).
Pour Schizophrenic Values, Yoan Mudry crée une nouvelle série de peintures. Poursuivant un processus personnel initié il y a maintenant plusieurs années, l’artiste réalise des collages dont les éléments sont tirés d’internet. La série dont les titres ressemblent a d’absurdes slogan « Animals are Bastards too », « Save the Planet kill yourself », « You don’t hate Monday » utilise un langage plastique simplifié afin d’adresser un message plus directe. Comme une prise de position à l’heure où chacun à son mot à dire.