Dans mon travail récent, j’ai essayé de rassembler ces deux activités qui ne sont pas exclusives l’une de l’autre mais qui sont peu associées ou du moins peu articulées dans la même temporalité, et qui sont : construire et parler. L’exposition postule avec plus de clarté et plus de contraste ce que voudrait dire «espacer», à savoir mettre de l’écart. La production d’écarts est à la fois visuelle et verbale. L’exposition organise cet agencement et cette association. Elle en est le produit (les oeuvres) et la possibilité (la lecture). C’est un principe récurrent et général de l’exposition, mais ici et pour moi les choses sont plus étroitement mêlées. L’espace entre les oeuvres et les titres s’est réduit et parfois renversé. Le vide interprétatif est l’espace d’exposition. J’apporte une attention particulière à l’environnement des oeuvres. J’essaie de construire une situation d’immersion dans laquelle, paradoxalement, les objets, très physiques et matériels, sont mis à distance dans une sorte de flottement visuel. (..) Je crois que le monde est plus intéressant quand il est compliqué, parce que cette complication nous empêche de penser que nous sommes seuls à détenir la vérité. C’est la surprise et la puissance de l’art que d’être un principe d’affirmation forte et un principe de délicatesse politique.
Pierre Vadi, 2015