Pauline Julier et Nicolas Chapoulier Tout ira bien, 2020, Film, 4K, couleur, boucle, 8 min 55 sec
Á la tombée de la nuit, un oracle volant s’avance et déroule un message.
« Au début, on n’entend que le bruit. En arrière-plan, les lumières scintillantes d’une ville. Le sifflement s’amplifie, un étrange objet volant s’approche, le bruit résonne dans nos oreilles. “Tout ira bien” lit-on sur le drapeau que le drone révèle avec fracas. La situation se répète, la détonation nous fait sursauter encore et encore. Grâce aux sous-titres, le message est diffusé dans de nombreuses langues : arabe, italien, portugais ou chinois.
La vidéo de Pauline Julier et Nicolas Chapoulier a été réalisée à Rome, juste avant le lockdown. Conçue à l’origine comme un commentaire sur la situation écologique (c’est-à-dire aussi une crise qui touche, ou devrait toucher, l’humanité), la vidéo est devenue une déclaration clairvoyante, presque prophétique, sur la situation actuelle. “Tutto andrà bene”, la version italienne du message prometteur, nous avons pu la lire pendant les longues semaines de la quarantaine, non seulement dans les messages des médias sociaux, mais aussi sur les draps de lit accrochés aux balcons. En Italie et ailleurs. L’expérience de la pandémie est mondiale. En même temps, elle a changé notre perception de la relation entre l’État et la population. Le vrombissement des hélicoptères qui tournent au-dessus de Rome est omniprésent ce printemps, peut-être précisément parce que la ville est pour une fois si incroyablement silencieuse. Nous ne pouvons que spéculer sur les drones ; les applications de traçage sont devenues réalité. Face à la ville sombre, au “Tout ira bien” que nous avons sous les yeux, la vidéo nous fait aussi marquer une pause, comme le fait la pandémie, comme le fait la crise. Les notions de productivité permanente dans l’art, la science et la société en général peuvent être remises en question, tout comme l’évidence de la mobilité ou des ressources. Tout Ira Bien est donc aussi un regard plein d’espoir sur un avenir incertain, mais qui peut être réellement changé ».
Gioia Dall Molin, Curatrice, Institut suisse de Rome
(traduction Marie DuPasquier)