Scratched records 2011-2013 et 2014-2016

Une boucle sonore d’un peu moins de 2 secondes, imitant l’aiguille d’une platine restant toujours sur le même sillon. Un simple joueur de guitare répétant inlassablement les mêmes notes, poussant jusqu’à l’absurde la position d’être sur scène. Ce projet se décline sous la forme de vidéos (2011-2013) et de performances live (2014-2016).

Jérémy Chevalier

Disques rayés (Fog), 2013

Vidéo, 3 min 44 sec

©  Jérémy Chevalier

L’artiste arrive sur le lieu de l’action, chante et joue de la guitare, puis s’en va. Mais à l’opposé d’un clip musical, tout concourt ici à en dégonfler l’impact visuel et sonore : pas d’effets de caméra ni de montage, mais un plan fixe continu ; pas de gros plan ni de jeux de lumière expressifs, mais un interprète à peine visible au loin, noyé à mi-corps dans un champs de blé (Champs) ou dans un banc de brouillard (Fog), ou disparaissant dans la nuit (Fire); pas de gestuelle spectaculaire, mais des mouvements familiers; pas d’enregistrement aseptisé en studio, mais un captage sonore en pleine nature, avec le bruit du vent dans les blés ou le crépitement des flammes ; pas d’intérêt mélodique ou textuel, mais la reprise des sons fragmentés et répétitifs d’une portion de disque rayé. Une poétique souriante de la désillusion, préférant la fragilité et l’aléatoire de la vie aux mirages calibrés des artifices.

Texte d’Anne-Belle Lecoultre

Jérémy Chevalier, Disques rayés (Champs), 2011-2013, videostill © Jérémy Chevalier

Jérémy Chevalier, Disques rayés (Fire), 2011-2013, videostill © Jérémy Chevalier 

Jérémy Chevalier, Disques rayés (Fog), 2013, videostill © Jérémy Chevalier 

Jérémy Chevalier

Extrait de la performance Scratched à la BIG (Biennale des espaces d’art indépendants de Genève) 2015

© Jérémy Chevalier