Considéré à l’époque de sa construction, au début des années 1940, comme un modèle d’architecture industrielle, le bâtiment C de la Société genevoise d’Instruments de Physique (SIP) a été pendant des décennies la vitrine du savoir-faire de la cité de Calvin. Emblématiques de cette production, les machines à diviser, à pointer et à mesurer ont été le fleuron de l’industrie de précision, de la fondation de la SIP en 1862 jusqu’aux années 1980. C’est à la fin de cette décennie que le bâtiment est mis à disposition au Centre d’art contemporain par la Ville de Genève. Dans son état actuel, l’édifice est encore largement marqué par son passé industriel.
En dépit de son changement d’usage, le bâtiment C porte encore les traces de son histoire. Les pavés de bois, les grandes baies vitrées et les sommiers en béton armé trahissent la fonction première de l’édifice.
Les recherches actuelles de Charlotte Schaer s’orientent sur l’histoire et l’archéologie du bâti. Ses dernières pièces reprennent la notion d’in situ, en s’inspirant du décor architectonique et du passé des lieux qu’elle investit. Ainsi, l’installation proposée dans le cadre des bourses de la Ville de Genève BLCG s’articule autour de deux éléments distincts. Une baie close de châssis métallique à croisillons, reprend le motif de la fenêtre typique des constructions industrielles du milieu du XXe siècle. Ce paravent translucide, qui fait écho au décor du lieu, vient entourer un outil usiné, présenté sur un socle muséographique.
La scénographie de l’installation rejoue ici une double opposition. D’un côté cette baie vitrée évoque le passé industriel glorieux du bâtiment C de la SIP, en soulignant la dualité entre l’extérieur/usine et l’intérieur/espace d’art propre au Centre d’Art Contemporain. De l’autre, cette installation associe une production manufacturée, avec une machinerie de précision.
Nicola Menoud