XLVII 1996

Anne Blanchet

XLVII, 1996

Verre réfléchissant, acier

342 × 700 × 50 cm

Bex & Arts, 6e triennale d’art contemporain, Bex, Suisse

Réalisé avec le soutien du Canton et de la Ville de Genève

Photo © Magali Koenig

La 6e triennale d’art contemporain, Bex & Arts, en 1996, s’intitulait Babylone, un jardin suspendu. Anne Blanchet y « suspendait » les montagnes de l’autre côté de la vallée. Dans le parc d’exposition de la Villa Szilassy, cinq grands panneaux de verre orientés méticuleusement, réfléchissaient en une image miroir fragmentée les montagnes situées de l’autre côté de la vallée. L’orientation de chacun de ces panneaux avait été calculée, de manière à faire basculer le paysage pour le spectateur, même lorsque ce dernier restait immobile.

« Babylone, un jardin suspendu. La luxuriance, la richesse, la force de la nature étaient déjà si présentes sur le site de l’exposition que je n’ai pas voulu ajouter une autre image. Je me suis contentée donc de souligner cette richesse, en suspendant les Dents du Midi de l’autre côté de la vallée. XLVII, 1996, est constitué de cinq plaques de verre réfléchissant. Le verre, recouvert d’une pellicule, réfléchit ce qui se trouve sur son côté le plus éclairé. Ce matériau permet simultanément de refléter une partie du paysage et de percevoir le paysage réel en transparence, de créer un trouble entre deux cadrages, entre deux regards. Selon la lumière, tantôt le reflet, tantôt la réalité domine. C’est cette superposition, cette ambiguïté entre image et réel, cet espace virtuel, qui m’intéressent. Nous croyons regarder le réel et nous voyons le virtuel, nous croyons regarder une image et c’est la réalité qui apparaît en filigrane. C’est la focalisation de notre regard qui détermine ce que nous percevons clairement.

Les cadres métalliques supportant le verre ne sont pas tous posés d’aplomb. Mais les inclinaisons sont faibles. Elles ont pour but de créer un trouble visuel, un décalage dans la suite des images reflétées. Chaque plaque propose ainsi un cadrage légèrement différent sur la réalité du parc lui-même, sur le ciel ou sur les Alpes de l’autre côté de la vallée: comme le visiteur se déplace, les images évoluent avec son déplacement. Pour moi, XLVII préfigure les pièces en mouvement que j’ai commencé à réaliser dès l’année suivante. »

Texte d’Anne Blanchet