Satellite moussu et miroitant
Après son impressionnante escadrille de kayaks recouverts de plumes de paons et glissant entre les frondaisons pour l’édition 2007 de la Triennale de Môtiers, le Genevois confirme son statut d’artiste suisse le plus inventif dans la mise en regard de la nature se reflétant en une sorte de machine à vision mise en abyme par un habile jeu de glaces réfléchissant l’univers forestier à l’infini. C’est une sculpture que l’on peut appréhender selon plusieurs angles. «Ainsi de loin avec sa peau mêlant humus et mousse, qui le rend légèrement caméléon. De près, on découvre une galaxie miniature intérieure en suspension. Ainsi les petites pierres colorées suspendues au centre de la sculpture sont possiblement des planètes. Hors du temps, la pièce qui se fait manger doucement par la nature, renferme ainsi un trésor, une information que recèlerait une sonde spatiale venue du futur ou du passé, on ne sait trop», détaille l’artiste.
Entouré de mousse, et tapissé de huit miroirs rectangulaires, un cylindre forme une percée, une trouée dans l’espace, possible porte entre des univers parallèles ou micro-univers reflétant à l’infini les arbres environnants jusqu’au vertige. « Il y a quelques années, j’ai utilisé des kaléidoscopes pour réaliser des vidéos pour des pièces avec LED et petits haut-parleurs piézo. J’ai toujours été sensible à ces images qui se démultiplient, au jeu des symétries comme au détour de cette image de forêt s’inspirant de posters des années 70 et présentée à Art Genève. » Cette réalisation, Samvada, développait symétries et jeux de miroirs notamment entre le haut forestier qui se retrouvait prolongé dans le bas, pouvant évoquer de loin en loin le kaléidoscope.
Extrait de l’article de Bertrand Tappolet, « L’art à l’air libre entre ciel et terre, vie et au-delà », Gauche Hebdo, 08.07.2015
Alexandre Joly
My Love Mother Nature, 2015
Mousse, bois, miroirs et pierres semi-précieuses
110 (diam.) × 163 (l) cm
Exposition collective Art en plein air, Môtiers
Photo © Alexandre Joly