Comment le son peut-il faire image ? Cette question touche à la matière et à la forme du son, à ses qua- lités sensibles et spatiales. Si plusieurs artistes contemporains2 explorent les différentes propriétés du son, chez Alexandre Joly cette quête semble tenir de l’obsession engendrant des oeuvres d’une grande force. Dans Absolute sine, l’eau noire du bassin est troublée de vibrations — dessins abstraits, lignes rythmiques, zig-zag - qui en irisent la surface. Une partition de basses que l’on perçoit de manière sourde dans le périmètre de l’oeuvre et que l’on sent sous nos pieds, et même nous traverser le corps par moments, provoque des ondes mettant le fluide en mouvement. Les tremblements, presque imperceptibles, agitent l’image qui frémit, bouge, semble respirer. Le bassin quadrangulaire est le tableau d’une conflagration de sinusoïdes, d’une détonation visuelle produite par le son. Le son devient image, il se voit plus qu’il ne s’entend.
Extrait du texte de Véronique Mauron « Voir des sons. Entendre des images », pour l’exposition Paysage transvasé, La Ferme Asile, Sion, Suisse, 2010.
Exposition :
Exposition solo Polyphonie animale, Musée des Beaux Arts du Locle, Le Locle, 2009
Exposition collective Silence, Musée Rath, 2019