La Chapelle inversée 2021

Alexandre Joly

La Chapelle Inversée, 2021

Bois, verre dichroïque, 600 × 500 × 470 cm

Môtiers Art en Plein Air, Édition 2021

Photo © Alexandre Joly

Forêt comme temple

Après son escadrille de kayaks recouverts de plumes de paon glissant en apesanteur entre les frondaisons pour l’édition 2007 et sa mise en regard de la nature se reflétant en une sorte de machine à vision mise en abyme par un habile jeu de glaces réfléchissant l’univers forestier à l’infini en 2015 (My Love Mother Nature), le plasticien genevois Alexandre Joly propose La Chapelle inversée. Qui poursuit dans le même sillon avec un espace d’écoute et de vision en mode d’observation jouant sur la lumière et la présence caméléon de l’oeuvre dans le site.
À l’image du satellite échoué dans les plis mousseux de la terre de My Love…, sa nouvelle installation fonctionne aussi comme un vaisseau. spatial. “La forêt-cathédrale devient l’objet de notre attention. Le choix du lieu, l’emplacement et l’orientation sont dans ce sens des paramètres essentiels. Reprenant l’étymologie latine foris qui signifie l’ailleurs et plus précisément forestis, « ce qui est en dehors », la forêt se révèle comme un monde à redécouvrir, La Chapelle inversée est un nouveau prisme à travers lequel l’appréhender», écrit l’artiste”.

Formes élémentaires

L’architecture triangulaire simple est bâtie avec du bois de la région. Son intérieur abrite un grand disque de verre (ou film dichroïque). “Le cercle dans le triangle participe ici à créer un espace de méditation.” Inspiré davantage par l’univers de la science-fiction que par le psychédélisme ou le religieux d’anachorète penseur en forêt dans le sillage du philosophe américain Henry David Thoreau, précurseur de la désobéissance civile, ce vitrail monochrome ménage une troublante ouverture ou veduta sur le paysage. L’intérieur se retrouve baigné de teintes spectrales et poétiques.
En ces temps de catastrophe environnementale, on songe alors aux éclairantes réflexions si attentives aux différentes formes du vivant développées par Marielle Macé dans son essai, Nos Cabanes. « Nous n’avons pas l’habitude d’être à l’écoute des choses qui ne parlent pas: nous ne savons pas comment nous y prendre pour les entendre et pour nous relier à elles », avance l’historienne de la littérature. Plane ici le souvenir des ZAD, qui tout à défendre par essence, peuvent aussi se profiler comme des lieux de contre-attaques sociales et contre-feux, au moins symboliques.

Extrait du texte de Bertrand Tappolet, « Môtiers fait oeuvre de tout bois », Gauche Hebdo, 25.06.2021

Alexandre Joly

La Chapelle Inversée, 2021

Bois, verre dichroïque, 600 × 500 × 470 cm

Môtiers Art en Plein Air, Édition 2021

Photo © Alexandre Joly

La Chapelle inversée est une cabane, un espace d’écoute et d’observation au coeur d’une forêt.
Proposer une expérience sensible et bienveillante, questionner le rapport unique que nous entretenons avec notre environnement via une forme d’introspection sont les intentions de ce projet. La forêt est ici pensée comme le lieu propice au recueillement ainsi qu’à l’exercice de la contemplation.
Cette architecture triangulaire est construite en bois. À l’intérieur, un grand disque de verre (dichroïque) comme un vitrail monochrome crée une ouverture sur le paysage et le teinte intensément dans des nuances spectrales. De l’extérieur le verre fonctionne comme un grand miroir bleuté dans lequel la forêt semble appartenir à un monde parallèle, aquatique, où l’air devient de l’eau. Le choix d’une construction simple et épurée sert à renverser l’objet observé, le titre La Chapelle inversée souligne ce renversement ; la forêt-cathédrale devient l’objet de notre attention. Le lieu, l’emplacement, l’orientation, sont dans ce sens des paramètres essentiels.
Le verre dichroïque utilisé est violet par transparence, bleu par réflexion. Ces jeux de transparences et de réflexions mouvantes et colorées questionnent notre perception et produisent une expérience singulière. Reprenant l’étymologie latine foris qui signifie « l’ailleurs » et plus précisément forestis « ce qui est en dehors », la forêt se révèle comme un monde a redécouvrir, La Chapelle inversée est un nouveau prisme à travers lequel l’appréhender.

Alexandre Joly