Avec la série Reflections on Painting, Mudry revisite le genre du portrait. Les toiles de cet ensemble, similaires par leur format monumental, leur composition et leur style hyperréaliste, cadrent à chaque fois, sur fond blanc, un visage dont le regard fixe l’observateur. Mudry les a réalisées à partir de photographies trouvées sur internet, qu’il a ensuite projetées sur sa toile, esquissées à l’acrylique, puis retravaillées à l’huile. Dans la partie inferieure des portraits, une bande blanche affiche en noir des citations au sujet de la peinture, dont les autrices ou auteurs ne sont jamais cité-e-s, et que l’artiste a reformulées avant de les associer arbitrairement aux personnalités représentées.
Mudry choisit pour modèles des « exploratrices et des explorateurs » qui naviguent « entre deux mondes ». Ainsi a-t-il déjà̀ représenté dans cette série Neil Armstrong, Frantz Fanon, E.T ou encore Jane Goodall. La célèbre éthologue et anthropologue britannique s’est faite la porte-parole des animaux, notamment des chimpanzés, auprès des êtres humains. La phrase qui lui est attribuée – « Easier to change ideologies than painters » (« Plus simple de changer les idéologies que les peintres ») – n’a aucun lien immédiat avec son parcours, si bien que l’association libre de l’image et du texte crée une ambiguïté. Isolés de leurs contextes respectifs et ici réassemblés en porte-à-faux sur la toile, ces éléments font miroir à une forme d’attention dispersée, qui happe et recompose des bribes disparates d’un flux de références et d’actualités constants.
Texte par Elisabeth Jobin