no firing 2021

Cette exposition est le fruit d’une nouvelle collaboration entre Caroline Schattling Villeval et Paul Paillet, autour de leur expérience commune de la parentalité et de leur relation aux sphères professionnelles et artistiques. Les artistes ont conduit ici une réflexion dont le point central est la fatigue, alors envisagée comme ressource individuelle et collective. La dormance, le repos, le laisser-aller sont exposés à l’Espace 3353, comme sources d’empouvoirement. Un droit à l’épuisement.

Si no firing fait référence à la fusion produite par la cuisson d’un émail avec une pièce céramique, il est également un terme lié au monde de l’entreprise. « Pas de licenciement », doit autant être envisagé comme une revendication que comme un état de fait; la pause fait partie intégrante du travail.

Précédent l’accouchement, les insomnies et la fatigue qui s’imposent à la femme enceinte sont indispensables à l’expulsion. Pendant l’accouchement physiologique, le corps abattu ne peut endiguer la libération des hormones nécessaires et favorisant le travail.

Dans son article Do Female Artists Have to Chose Between Motherhood and a Career? en décembre 2020, Hettie Judah présente douze témoignages d’artistes à propos de leurs expériences de la maternité dans le monde de l’art. Si leur constat est édifiant, ces témoignages sont, en tant que tel, les marqueurs d’un changement, malheureusement pas structurels, mais où l’envie d’abandon, la difficulté à agir et l’épuisement vain sont pleinement reconnus.

« There is no time. The struggle is unbelievable. If I did produce work in the last few years, it was at the cost of my sleep and health. »

Samar F Zia, London, artist. La démarche de Caroline Schattling Villeval et Paul Paillet s’inscrit donc moins dans un champ réflexif qu’à travers un espace où le besoin de parler semble être admis et encouragé, où l’expérience partagée revêt un sens commun, ouvrant les portes d’un lieu à la fois intime, collectif et politisé.