Partagé entre Dakar et New York, Omar Ba propose ici une série d’œuvres née de l’observation attentive des liens unissant les communautés africaines du continent et les afrodescendants d’Amérique du Nord. Sa peinture, nourrie de ce nouveau contexte culturel américain, interroge plus que jamais les mémoires croisées, les héritages communs et les fraternités invisibles.
Conjuguant acrylique, huile, crayon, encre de Chine et stylo Bic, ses toiles donnent à voir une série de portraits, en buste ou en pied, qui semblent surgir du vide, suspendus dans l’espace pictural. Happés par des fonds complexes qui semblent happer les figures, certains soutiennent le regard du spectateur avec une intensité presque troublante. Aux figures chimériques et hybrides qui ont longtemps peuplé son œuvre, Omar Ba préfère ici une forme de réalisme, inédit dans sa pratique, incarné par des silhouettes sobres et frontales.
Les visages, porteurs d’une histoire collective transatlantique, témoignent des espoirs, des luttes, des désillusions et des aspirations d’une diaspora éclatée mais habitée par une mémoire et une culture communes. L’artiste explore ainsi une fraternité souterraine, trop souvent éclipsée par les fractures politiques ou identitaires, et pourtant bien vivante. Plutôt que d’accentuer les tensions ou les dissonances, Omar Ba choisit de révéler les proximités, les correspondances culturelles, et offre un message empreint de dignité et d’espérance : celui d’un lien à construire, dans la reconnaissance de ce qui unit plutôt que de ce qui divise.
Texte d’exposition, Galerie Templon, New-York